Par Maxime Pfrimmer, le 18 décembre 2023
Business2024 s’annonce comme une année marquante pour le secteur de la finance.
De l’IA qui s’immisce jusqu’au processus de décision en passant par l’émergence de nouveaux modes de paiement, on vous résume toutes les tendances à venir dans cet article.
Parler de 2023 sans mentionner le mot « IA » est impossible.
Et le secteur de la finance n’échappe pas à cette règle.
Dans le rapport 2024 : Anticipating Tomorrow’s Trends, de AvidXchange, 96 % des leaders et cadres interrogés – tous issus des métiers de la finance – ont déclaré utiliser l’IA ou être intéressé.
Alors comment est-ce que les services financiers tirent profit des modèles de langage ? Voici comment :
Seuls 12 % des répondants sont hésitants à l’idée de confier les clés de leurs entreprises à des IA. Les raisons : l’incompréhension autour des enjeux liés à l’IA, à ses contraintes réglementaires ainsi que des risques de sécurité.
Justement, la sécurité.
En 2023, quelques mois après le lancement de Chat-GPT, plusieurs établissements financiers l’ont banni de leurs locaux. JP Morgan Chase en est le meilleur exemple.
La raison étant que les IA se nourrissent des données qu’on leur fournit, peuvent les reproduire et sont souvent biaisées. Pas difficile de comprendre pourquoi le secteur bancaire ne souhaite pas lui confier ses secrets.
Pour éviter ce problème, vous avez 2 solutions :
Vous l’avez compris, mais ces deux éléments s’emboîtent parfaitement. Par ailleurs, 49 % des leaders offrent des formations à leurs personnels financiers et 28 % offrent des programmes de mentorats. Selon le rapport de AvidXchange cité plus haut.
Sans transition, passons à l’automatisation.
L’automatisation est définitivement ancrée dans le secteur de la finance.
Toute tâche à faible valeur ajoutée et qui ne nécessite pas une supervision humaine va être automatisée au maximum.
Cette stratégie à trois avantages pour les acteurs du secteur financier :
Deux secteurs sont déjà impactés par cette tendance : la gestion des clients et la gestion des dettes.
Voici quelques domaines de la gestion des clients :
Du côté des dettes, voici quelques tâches qui vont être automatisées :
Maintenant, passons au prochain point.
Comment assurer le besoin en fonds de roulement de sa boite ?
Cette question hante le quotidien des PME et des petits entrepreneurs constamment. En effet, lorsque vous payez un fournisseur/client via un virement bancaire, il va attendre plusieurs jours pour recevoir vos € dans sa trésorerie.
Et pour beaucoup de structures, ce délai est un vrai calvaire, en plus de rendre les prévisions financières difficiles.
Raison pour laquelle un mode de paiement fait de plus en plus fureur : le virement instantané, ou RTP pour real-time payments.
Grâce à ce mode de paiement, les entreprises bénéficient de plusieurs avantages :
Ce système a été introduit en France depuis 2018, mais il souffre de 2 gros problèmes : ses frais de transaction sont plus élevés que ceux d’un virement bancaire classique ; toutes les banques ne le proposent pas.
Raison pour laquelle le 7 novembre 2023, le Parlement européen a ratifié une proposition sur les paiements instantanés. Voici ses 2 points forts qui vont impacter 2024 :
Bien sûr, la contrainte des 10 secondes maximums devra toujours être respectée.
Par ailleurs, si vous offrez vos services sur la terre de l’oncle Sam ou avez des fournisseurs états-uniens, sachez qu’ils adorent ce mode de paiement. Et ça devrait continuer en 2024.
Si vous êtes e-commerçant, impossible que vous n’ayez pas vu passer ces deux phénomènes : les paiements embarqués et le mode de paiement Buy Now Pay Later, ou BNPL.
Grâce aux paiements embarqués, fini les paiements qui éjectaient – littéralement – vos consommateurs de vos plateformes. Désormais, ils n’ont qu’à toucher un seul bouton et ils peuvent achever le paiement de vos produits et services tout sans sortir de votre écosystème.
En tant que vendeur, ça vous apporte plusieurs avantages :
Selon le rapport 2024 Commerce and Payment Trends Report de Global Payment, ce marché devrait atteindre 138 milliards de dollars en 2026.
Étaler le paiement en plusieurs tranches a toujours été une méthode incitative pour pousser vos clients à dépenser plus.
Raison pour laquelle des moyens de paiement comme « payer 3 fois sans frais » pullulent sur les sites d’e-commerce.
Mais une autre méthode de paiement gagne en popularité : le Buy Now Pay Later, ou BNPL.
Son principe est simple : le consommateur achète le produit, mais ne le paie pas à l’instant. À la place, il obtient un crédit sans intérêt et qui n’affecte (généralement) pas son score de crédit auprès de sa banque.
Voici comment ça se passe plus en détail :
En soi, le BNPL n’est pas nouveau, il existait déjà dans les années 2000. Mais depuis 2020, 5 éléments en ont fait l’un des choix préférés des Européens quand il s’agit de passer à la caisse :
Bref, les consommateurs européens éprouvent de plus en plus de difficultés à maintenir leur train de vie. Par conséquent, ils apprécient le fait de pouvoir différer leurs paiements.
Côté statistiques, Juniper Research estime que ce mode de paiement devrait représenter 25 % des transactions du e-commerce mondial. Contre à peine 9 % en 2021
Et si vous êtes encore sceptique à l’idée d’adopter ce mode de paiement, sachez que 8 français sur 10 retourneront sur le site web où ils effectuent un achat avec paiement différé.
Automation + IA = productivité.
C’est vrai pour vos équipes… Et ça l’est tout autant pour les hackers.
2023 a été l’année des records (négatifs) pour la cybersécurité des entreprises américaines. Fin septembre, 2116 violations de données ont été recensées par Fast Company. Pour vous faire une idée, 2021, souvent décrite comme l’année avec le plus d’attaques, ne comptait « que » 1862 attaques recensées.
Enfin, 60% des répondants de l’étude d’AvidXchange ont reconnu avoir été victimes de tentatives de phishing en 2023.
Et les prévisions ne sont pas optimistes : les cyberpirates renforceront leur potentiel de nuisance en 2024.
Sauf qu’avec l’essor des intelligences artificielles, ils développent de nouvelles méthodes d’ingénierie pour exploiter les failles de vos systèmes informatiques :
À ces techniques, n’oubliez pas d’ajouter les techniques de phishing avancées.
Bref, les DSI et les experts de la cybersécurité auront du fil à retordre cette année.
Heureusement, la plupart des professionnels de la finance l’ont compris. Ainsi, 29 % d’entre eux ont fait de la protection des données et de la transformation digitale leur priorité, selon le rapport d’AvidXchange.
Avec l’essor du télétravail, les départements finance ont embrassé la tendance :
Seules 15 % des sondés continuent à exiger que leurs employés viennent du lundi au vendredi. Pour justifier ce choix, 27 % affirment le faire pour améliorer la collaboration entre les membres de l’équipe ; 25 % pour recruter et conserver des talents ; et 24 % pour des questions de productivité.
Parmi les sondés, 29 % des travailleurs à distance ou en hybride ont avoué avoir du mal avec le télétravail. La raison : des problèmes de matériels et la difficulté à utiliser les logiciels basés sur le cloud.
Clairement, la plupart d’entre eux manquent de maîtrise sur le travail à distance et les technologies collaboratives.
Depuis quelques années, les fintechs tricolores, fers de lance de la startup nation, misaient beaucoup sur l’internationalisation.
La logique était simple : conquérir le plus de marché le plus rapidement possible pour limiter la concurrence.
Cette doctrine reposait sur un élément fondamental : l’injection constante de nouveaux capitaux de la part des investisseurs.
Et je vous laisse juger par vous-même pourquoi l’ère 2020-2025 s’annonce mal pour les partisans de cette idéologie. Regardez ce graphique de l’institut France Fintech datant de septembre 2023.
Vous avez remarqué ? Les montants levés par les fintechs françaises chutent considérablement après 2022.
Et il y a peu d’espoir que ça reprenne dès l’année prochaine.
Selon ING, la stagnation économique va faire son nid en Europe au moins jusqu’au début du deuxième semestre 2024. Et si certains économistes crient à une future récession dans la zone Euro, Bruxelles se montre plus prudente. Néanmoins, la Commission Européenne a abaissé ses prévisions de croissance de 0.1% pour 2024.
Cerise sur le gâteau : le secteur privé européen a connu sa plus grande contraction jamais enregistrée en 10 ans, si l’on ne compte pas la période covid-19.
Bref, il n’est plus question d’hypercroissance dopée par des capitaux infinis et des taux d’intérêts ridiculement bas. L’heure est à la consolidation des marchés et au recentrage des activités si nécessaire.
Concrètement, ça se matérialise par la multiplication des partenariats et des fusions acquisitions avec des acteurs institutionnels ou des grands groupes. Selon le baromètre Fintech 100, 83 % des fintechs françaises en ont fait au moins au cours de l’année :
Si voulez en apprendre plus sur les perspectives des fintechs 🇫🇷, FranceFintech en a fait un excellent résumé.
L’avenir des services bancaires est résolument digital.
Ainsi, en 2024, on s’attend à 3,6 milliards d’utilisateurs des banques digitales dans le monde.
Ce qui est intéressant avec cette tendance, c’est que l’on devrait assister à plus d’ouvertures des API (Application Programming Interface) des banques traditionnelles. Grâce à cela, il sera plus simple de pouvoir développer des services ou des applications tierces ayant accès aux données bancaires des clients.
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